Le Cambodge
lieu de vie
Pourquoi vous parle-je du Cambodge, alors que c’est son petit frère qui occupe tous les esprits en ce moment ? C’est que, voyez-vous, je n’ai fréquenté que l’aîné ; le petit dernier, je n’y ai jamais mis les pieds.
Par contre le resto de l’avenue Richerand, lui, je le connais bien et depuis longtemps. Je me rappelle quand c’était le meilleur rapport qualité-prix du Canal St. Martin, et aussi le meilleur rapport qualité-qualité, car à l’époque le quartier ne croulait pas encore sous la bouffe comme aujourd’hui.
Il y avait l’accueil chaleureux, la commande à noter soi-même sur une feuille, et puis les bols remplis de spécialités cambodgiennes.
Le bobun spécial, bien sûr, incontournable de la maison, maître étalon pour le genre, avec ses saveurs équilibrées et puissantes, son chaud-froid nourrissant.
Et puis les pâtés impériaux… Ça peut paraître bête, mais quand tout ce qu’on connaît du nem c’est sa version plastifiée chez le traiteur asiatique du coin, celui-là devient vite une référence : croustillant, juteux, aux parfums intenses.
Le natin aussi vaut son pesant de cacahuètes ; ragoût de porc et crevettes avec une sauce à la cacahuète justement, original et réconfortant à la fois.
Sans oublier le « Délice banane », aux perles de tapioca et lait de coco, dont je n’ai jamais trouvé un exemplaire plus… exemplaire… chaud, suave, délicat, enfantin. Une berceuse dans les bras d’une mama cambodgienne…
Mais le Cambodge c’est surtout des souvenirs. De nombreux repas à refaire le monde avec mes chers amis Morgan, S. Kaspar, et puis Martin aussi qui nous rejoignait parfois pour y mettre son grain de sel ! Il y a aussi eu ce repas avec mes grands parents, et cette discussion qui m’a particulièrement marqué sur les qualités du thon cuit ou cru dans les restaurants japonais (mon grand-père ne comprenait pas qu’on puisse manger du thon cru, et moi, provocateur de pacotille, je lui répondais que depuis que j’en avais goûté, je ne pouvais plus en manger du cuit !).
Et puis parfois on choppait son bobun à emporter, comme récemment avec P. Zang et Giustino, histoire de pouvoir continuer le travail tout en se sustentant sérieusement…
Des bouts de vie, de petites choses, des souvenirs, ces moments qui nous définissent, nous sculptent, font de nous qui nous sommes.
Le Cambodge a rouvert ses portes, le Petit Cambodge a quant à lui encore besoin d’un peu de temps pour digérer… Il lui sera difficile de faire face à la densité du traumatisme, mais pourtant il va falloir… il va falloir continuer les bouts de vie, continuer les souvenirs, continuer de faire de ce resto un lieu vivant, entouré d’amis, de gens qu’on aime et de bobuns.
Le Cambodge
10 avenue Richerand
75010 – Paris, France
Tél. : 01 44 84 37 70
www.lecambodge.fr
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