Hiiragiya

le ryokan hors du temps

Des images qui défilent, des visages, on marche vite sans se bousculer. Des odeurs, de la fumée, le métro, les vendeurs des boutiques qui répètent inlassablement les mêmes phrases d’une voix stridente et presque robotique.

Pause.

Silence.

Une bulle passe, on la chope au passage, c’est un ryokan, une auberge traditionnelle. À l’intérieur le temps ne défile pas, il s’installe, on entend des pieds nus frottant les tatamis et le bain bouillant qui coule et nous attend. Chaque respiration dure une semaine, chaque expiration une éternité. Le repas, appelé kaiseki, respecte la saison, respecte votre intimité, il se déploie en une succession de petites assiettes aux couleurs délicates, aux parfums subtils et aux goûts modestes.

La cuisine kaiseki (dont je ne vous livre que quelques photos) est à l’opposé des saveurs rugissantes de la nourriture populaire japonaise. Chaque mets est fragile, on a presque peur de l’abîmer tellement il est minutieusement beau et cuit avec précision. Cependant, bien que je peine à l’admettre, je ne me souviendrai pas de ce ryokan pour ce que j’y ai mangé. Rien ne venait aguicher mes papilles, tout s’enchaînait fluidement et avec grande maîtrise, mais mon palais occidental ou peut-être ma nouvelle passion pour les bols de nouilles, n’a pas su apprécier la diversité en retenue des plats proposés. Ce n’était pas mauvais pour autant ; le menu passa comme une agréable bouffée d’air montagnard.

Pourtant l’expérience de Hiiragiya m’a marqué profondément. L’accueil princier, la chambre sortie d’une autre époque, la vue sur le jardin raffiné, lonsen (bain traditionnel), l’incroyable gentillesse de notre hôtesse qui parlait à peine l’anglais, tous ces éléments et beaucoup d’autres encore qui sont d’avantage de l’ordre du ressenti que de l’exprimable, ont fait de cette journée et de cette nuit un moment de plénitude, de méditation, de symbiose parfaite entre ma personne, la femme qui partage ma vie, et le monde qui nous entoure.

Pour cela je ne remercierai jamais assez Hiiragiya d’exister, et je ne peux que vous recommander le plus chaleureusement du monde d’entrer dans cette bulle au moins une fois dans votre vie.

Hiiragiya
Nakahakusancho, Fuyacho Anekoji-agaru, Nakagyo-ku
Kyoto, Japon
www.hiiragiya.co.jp/en/